Bilan éditorial d'un centenaire resté confidentielL’année du centenaire de la naissance de Barber ne nous a pas apporté grand-chose sur le plan de la discographie. Il n’en va pas tout à fait de même de l’édition, Schirmer ayant enfin mis à disposition une partie des œuvres manquantes.
Dernière en date de ces publications posthumes, la
Commémorative March de 1940, pour trio à clavier, écrite à l’occasion du mariage de la sœur de Barber Sarah avec Samuel Fulton Beatty. La page de couverture de la partition montre une photo prise à l’occasion de l’événement. On en trouvera le descriptif ici
http://www.halleonard.com/product/viewproduct.do?itemid=50490374&lid=13&whatsnew=30&searchcategory=11&subsiteid=32&
et en cliquant sur « closer look », l’enregistrement (téléchargeable !) de la pièce qui ne dure que 2’11, mais est un véritable inédit au contraire de la partition de
Horizon, enfin disponible, mais qu’on connaissait par le disque (et qui contient une première version du thème d’entrée de
Summer Music).
Malgré sa brièveté, la pièce est intéressante, d’abord parce que c’est l’unique essai dans ce genre (trio à clavier) de Barber, qu’elle date de la pleine maturité du compositeur, ce qui s’entend dans le traitement contrapuntique et les effets de pizzicati distribués aux cordes, et qu’elle est étrangement triste et dramatique pour une célébration de mariage.
Ce n’est toutefois pas le plus étonnant, surtout au vu du peu de publicité qui a été fait autour de la publication d’un volume de l’œuvre complet pour piano et violon, qui contient, lui, deux inédits, la
Gipsy dance tirée de l’opéra inachevé
The Rose Tree (écrit entre 1920 et 1922, donc de 10 à 12 ans sur le livret d’Annie Noble, la cuisinière des Barber, et dont Barbara B. Heyman avait présenté la photocopie fragmentaire du manuscrit holographe (avec des dessins de l’auteur) pp22-23 de sa biographie de Barber. D’autres extraits de
The Rose Tree ont déjà été donnés en concert, un chœur, et la sérénade (1920 op cit. p25), au moment de la révélation du
Motet sur des paroles du Livres de Job, édité par Harold Rosenbaum (trois mouvements, le dernier pour double chœur, avec piano d’accompagnement : la troisième section, manquante, est remplacée dans le manuscrit de la
Library of Congress par une première version de
God’s Grandeur). Ecrit en 1930, et annoncé par l’éditeur dès cette date, mais jamais paru, le Motet
http://www.musicforte.com/sheet_music/product/50486083/MotettoonWordsfromtheBookofJob/
n’a pas encore semble-t-il connu d’enregistrement.
L’autre inédit du corpus violon-piano est sans doute la plus importante découverte de ces dernières années, puisqu’il s’agit du troisième mouvement de la
sonate pour piano et violon réputée détruite que Barber écrivit en Italie à l’âge de 18 ans. Elle figure sous le titre
Allegro Agitato, en début de volume et l’on peut en entendre 1’49, extraite d’un des deux CD qui accompagnent la partition, laquelle contient également la photocopie de l’esquisse pour violon seul du premier mouvement de la sonate. Surprise ! c’est indéniablement du Barber de très bonne facture.
http://www.musicforte.com/sheet_music/product/50490062/MusicforViolinandPiano/
Ces deux œuvres inédites
Gipsy Dance et
Allegro Agitato sont les seules que Barber ait jamais écrites pour piano et violon, le reste du volume étant constitué de transcriptions, une seule (la
Canzone à l’origine pour flûte et piano remaniée en second mouvement du concerto pour piano) étant de la main de Barber.
La réédition des œuvres complètes pour piano seul contient aussi plusieurs inédits, dont toutes les pièces écrites avant l’âge de 21 ans publiées séparément dans un volume intitulé
Early Piano Workshttp://www.musicforte.com/sheet_music/product/50490042/SamuelBarber-EarlyPianoWorks/
Aux pièces bien connues par l’enregistrement (les deux
Interludes, Fresh from West-Chester (some jazzings) ) s’ajoutent les
Themes de 1923, dont la première version du
Menuet –Heyman pp28-29 reproduisait la version imprimée à titre privée en 1924 dans les 3
Sketches-), 3
Essays pour piano, forcément importants par leur titre-même, la
Petite Berceuse, le
Prelude to a Tragic drama, To Aunt Maime on Her Birthday, la
Fantasie for two pianos (written in the style of Josef Haydn) aussi connue comme
Sonata in modern Form crée en 1924 par Barber accompagné de sa mère Daisy, et le
fac simile des pièces de jeunesse
Sadness, Melody in F, Largo, War song, At Twilight, Lullaby (Heyman pp14 et 15 déjà pour deux l’antépénultième et l’avant-dernière)
Mais le volume complet y ajoute encore
After the concert (1972 !) et des facsimilés d’exercices de contrepoint rédigés pour la classe de Rosario Scalero.
http://www.musicforte.com/sheet_music/product/50336700/SamuelBarber-CompletePianoMusic/
Les œuvres pour orgue apportent encore d’autres perspectives sur la jeunesse de Barber, en plus de la réédition de la
Suite pour Carillon (qui n’existe toujours pas séparément et dont aucun enregistrement commercial n’est apparu non plus depuis 1933) : on y trouvera
To Longwood Gardens (1925) Chorale for a New Organ (1936), le
Prélude et fugue de 1927 mais curieusement toujours pas les
3 Chorales et Partitas de la même époque :
http://www.musicforte.com/sheet_music/product/50486883/MusicforOrgan/
Si l’on excepte la cinquantaine de mélodies encore inédites, les œuvres indisponibles de Barber dont les manuscrits n’ont pas été perdus (comme l’est le
concerto pour piano de 1930, mais a-t-on bien cherché ? puisqu’on retrouve des bribes de la sonate pour violon de 1928), et dont on s’étonne que nulle tentative n’ait été faite pour les publier se réduisent, par ordre supposé d’importance, -compte non tenu du Ballet final de l’acte I de la première version d’
Antony and Cleopatra, inédite et non disponible à la vente en full score pour la révision) à
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Adventures (1957) mouvement symphonique pour instruments ethniques et orchestre de chambre
-2ème mouvement d’un
second quatuor à cordes (1949)
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Funeral March on the Army Air Corps Song (1943)
-musique incidentale pour la pièce
One day of Spring (1935) pour quatuor à cordes, comprenant deux mouvements avec chœurs, la danse finale inspirée selon Orlando Cole, (violoncelliste fondateur du Curtis Quartet qui créa l’oeuvre) du mouvement supprimé de la Sérénade devenue l’opus 1.
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Song for a New Home, pour voix, flute et piano sur un texte de Shakespeare (1941)
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Main Street (1926) pour piano seul dont il n’est fait mention que dans le catalogue Heyman
Le livre de Barbara B. Heyman,
Samuel Barber The composer and his Music, (Oxford University press, NY, 1992, 586 pages) seul ouvrage de référence, n’a toujours pas trouvé de traducteur ni d’éditeur en France.