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 Alexei Nikolayev

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Sud273
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MessageSujet: Alexei Nikolayev   Alexei Nikolayev Icon_minitimeMar 7 Juil - 17:26

Né à Moscou le 24 avril 1931
Mort le 28 décembre 2003

Il est assez difficile de présenter un compositeur sur lequel on ne dispose de presque aucune information. En plus des difficultés de translittération (Alexei-Alexey/ Nikolayev, Nikolaiev, Nikolaev) le patronyme et le prénom sont portés au moins par un saxophoniste, et un joueur de football ukrainien, ce qui ne facilite pas les recherches. Les informations sont malgré tout très peu nombreuses et les sources allemandes en général assez riches sur les compositeurs soviétiques ne donnent à peu près rien.
Même en ce qui concerne le second prénom (le nom du père) on en est réduit aux conjectures, Schnittke dans ses souvenirs mentionnant une Alexei Alexandrovich Nikolayev, étudiant au conservatoire en même temps que lui : son nom apparaît dans la liste des compositeurs de Variations sur un thème de Myaskovsky rédigées en commun par les élèves et les professeurs du conservaoire de Moscou, anecdote rapportée à l’occasion de la première rencontre entre Schnittke et Rozhdestvensky.
Dans les textes biographiques disparates du même Schnittke on apprend que Nikolayev fit partie (avec Chostakovich, Levon Atovmian, Denisov, Lazar Berman, Karen Khatchaturian et quelques autres) des musiciens qui suivirent le cortège funèbre de Prokofiev, alors que d’autres plus compromis dans les rouages du pouvoir central ne purent se dispenser de participer aux funérailles de Staline le même jour.

On sait que pendant une trentaine d’années à la fin du 20ème siècle, Alexei Nikolayev occupa la chaire de composition du Conservatoire d’Etat Tchaïkovsky de Moscou, et il est mentionné comme le principal professeur du finlandais Kyllönen, lui-même à peu près inconnu en dehors des pays du nord.

Une annonce émanant du Conservatoire signale la création en janvier 2007 de son opéra (ultime, laissant supposer qu’il y en eut d’autres) « Les derniers jours » d’après la pièce de Boulgakov, traitant des derniers instants de Pushkin, des amours et des complots se tramant autour de son éviction.

L’insistance à vouloir parler de cette grande figure de la musique soviétique est motivée par le fait qu’une au moins des œuvres d’Alexei Nikolayev figure parmi mes symphonies préférées, et que le hasard a voulu que je tombe sur l’enregistrement –apparemment célèbre en son temps aux Etats-Unis- de Mark Emler.
Voici la pochette de ce disque tel qu'il semble encore se vendre de temps en temps sur E-bay
Alexei Nikolayev Nik510

La 5ème symphonie commence par un mouvement de caractère militaire, dont le thème très simple (une seule note répétée 7 fois) aboutit à une formule répétitive énoncée dans tous les registres de l’orchestre et dans des dynamiques différentes, sur un fond d’ostinato, qui m’évoque le thème de Kronstadt de l’opéra de Deshevov, La Glace et l’Acier. Le développement de cette cellule s’engage dans des épisodes assez rapidement dissonnants et d’une rythmique très irrégulière. Plutôt que développé le thème est tronqué, accéléré, réduit à son squelette rythmique qui réapparaitra tout du long à l’incipit de chaque mouvement, plus ou moins dissimulé dans la masse. Les déformations grimaçantes culminent en alternance avec des traits de bois avant une récapitulation en accumulation qui superpose jusqu’à plus soif les fragments thématiques, créant un chaos menaçant (d’une maîtrise technique remarquable) qui ressemble aux procédés utilisés par Nosyrev dans ses 3ème et 4ème symphonie.
Suit un intermezzo de caractère prokovien, avec bois innocents, sur fond de cordes pincées. Le thème charmant qui détourne l’attention deviendra le motif de base de l’effrayante passacaille qui fait office de mouvement lent. La montée de la tension aboutit à une affirmation frappante des 7 notes du début qui se dissolvent en une sorte de gavotte (comme celles que Tischenko utilise en conclusion de sa sonate avec cloches). Le motif lyrique s’écarte peu à peu de la tonalité puis retombe dans la danse de salon avec un aspect de menuet heurté. Un chant de timables, tambours et contrebasse conclut.
Le moderato suivant commence par une fanfare digne d’un Tuba Mirum, énonçant des intervalles de caractère sériel sur lesquels se basent les décalages de la pavane-passacaille. A partir d’une thématique d’une grande simplicité, Nikolayev construit un exercice contrapuntique virtuose, d’un chromatisme proche de la passacaille de Webern, sur lequel se greffe dans un crescendo inexorable le thème lyrique du mouvement précédent, introduisant une tension entre majeur et mineur qui relève du cri désespéré en même temps que de l’expression d’un espoir fulgurant. Cette sorte de marche funèbre qui rit à travers ses larmes est un des plus grands moments de la musique du 20ème siècle pour mes oreilles, d’une splendeur sur-réelle.
Le finale, curieusement enchaîné, sur fond de répétition du thème rythmique du premier mouvement est donc un peu déroutant à la première écoute, avec son affectation de bonhommie bienheureuse ; un de ces moments dont on croirait qu’il émane de la plume d’un romantique américain. Mais au-delà du traitement cyclique il réserve des surprises, dans les subtilités d’une orchestration (écoutez le trio piccolo, piano, contrebasse) qui bouscule la thématique, où l’on croirait entendre successivement Schulhoff, Dukas, et combien des compositeurs avant-gardistes russes. Contrairement au Popov de la 6ème symphonie, il ne se dirige pas vers une oraison festive, comme le fait craindre un instant la réénonciation en fanfare du motif premier mais réutilise les éléments angoissés des mouvements précédents pour aboutir à cette musique de « dimanche sous le kiosque » ces danses populaires kazakhes transformées en suite de valses pour orchestre de ville d’eau telles qu’on les trouve dans le finale de la 1ère symphonie de Nosyrev ou dans les pièces rapportées d’Ives. S’élève alors quelques mesures au violon d’une incroyable nostalgie 1900, relayées par une trompette foraine et les marionnettes saluent, emportant hors-scène le cercueil de Petrushka dans une apothéose héroïco-ironique rendue au silence d’un glas de timbale pianissimo

La première symphonie est d’une construction beaucoup plus simple, en trois mouvements comme beaucoup de 1ères symphonies écrites sous la direction de Miaskovsky. Néanmoins dès l’introduction, elle présente des éléments personnels alliant une thématique lyrique, des figures de contrepoint en pizzicato et un sens de l’harmonie assez proche de Chostakovich. L’alternance de sections lentes et d’allegro volontaire suggère une certaine influence de la rhétorique de la 5ème symphonie de Chostakovich, comme l’orchestration évoquant parfois l’orchestre de chambre. Le premier mouvement s’achève sur une coda en majeur d’ambiance presque champêtre où l’on croirait identifier quelques traits de Popov. Le second mouvement est un scherzo très vif, où les piccolos sont en vedette, rappelant cette fois l’intermezzo de la 6ème symphonie de Chostakovich, avec un élan motivique par endroits orientalisant dont l’ironie n’atteind jamais tout à fait à la musique de cirque, empruntant plutôt les voies de l’allusion mahlérienne et du collage de marches stravinskiennes. Le trio, très lent, avec ses glissandis de cordes sur fond de harpe anticipe les allusions du finale de la 5ème à une musique de salon héritée des années 20. Le scherzo ne connaît pas de reprise et enchaîne directement sur un finale sombre marqué Lento dont le premier mouvement est une amorce de valse « plus-que-lente » à caractère impressionniste.
L’emballement traditionnel du finale se dilue dans un retour à la valse, d’abord menaçante puis de nouveau pastorale, permettant à la symphonie de s’achever dans un silence discret.

La 5ème symphonie de Nikolayev ne cesse de revenir sur ma platine, et je ne peux pas croire après plusieurs dizaines d’audition qu’un compositeur n’ait produit qu’une œuvre de cette qualité (qui concurrence certaines de mes œuvres préférées de Popov, Nosyrev, ou Peiko).
Or, je me suis aperçu voilà quelques jours qu’un CD d’œuvres symphoniques de Nikolayev venait d’être édité par le Conservatoire Tchaïkovsky de Moscou (qui ne répond pas aux messages), pour un prix dérisoire, mais le prix n’est pas un problème, absolument indisponible en dehors de Russie et d’une magasin internet japonais qui ne livre pas hors du Japon. Si quelqu’un avait une idée ou connaissait dans ces deux pays un correspondant fiable ?
Je cherche désespérément à me procurer ceci:

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MessageSujet: Re: Alexei Nikolayev   Alexei Nikolayev Icon_minitimeJeu 31 Mai - 13:29

Grâce aux vendeurs d'Ebay, le disque montré ci-dessus est devenu accessible. Voici l'article que j'avais rédigé à l'époque:

Les derniers jours d’Alexey Nikolaïev

Ce disque édité par le Conservatoire national Tchaïkovsky de Moscou fait partie d’une série d’enregistrements rendant hommage aux grands artistes qui en furent les professeurs : Alexey Nikolaïev y dirigea depuis 1958 la classe de composition, menant parallèlement une carrière qui s’étend sur une cinquantaine d’année, puisqu’il obtint son diplôme en 1953, année de la mort de Staline, et demeura actif jusqu’en décembre 2003, date de son propre décès. Les deux extraits de concerts qui forment le programme sont constitués de créations données à l’occasion du 70ème anniversaire d’Alexey Nikolaïev et représentent l’unique CD comportant des exemples de son œuvre pour orchestre ; occasion peut-être sans lendemain d’entendre ce compositeur totalement ignoré à l’ouest et qui fut l’un des plus importants créateurs de son temps.

A travers son professeur, Vissarion Shebalin, Nikolaïev est le représentant de l’école de Moscou (par opposition à celle de Leningrad) où il vit le jour le 24 avril 1931, éduqué dans une solide tradition qui lui permit de s’illustrer dans tous les genres, son catalogue contenant pas moins de huit opéras, cinq symphonies, dans sa dernière période de nombreux concertos (pour trio à clavier, deux pianos, flûte, hautbois, violon, violoncelle) ainsi que beaucoup de musique de chambre, dont trois quatuors à cordes, les deux derniers ayant fait leur chemin jusqu’au disque, de plusieurs cycles de mélodies, cantates et oratorios. Chaque œuvre qu’on a la chance d’entendre révèle à la fois une fermeté de facture exceptionnelle, ainsi qu’un traitement personnel et original de thèmes mélodiques en général d’une grande beauté et qui se gravent avec facilité dans la mémoire de l’auditeur, un peu à la manière de ceux de son presque exact contemporain Evgueny Glebov (Yauhen Hlebau en biélorusse).

L’opéra Les Derniers Jours est la dernière œuvre de très grande envergure d’Alexey Nikolaïev, tirée de la pièce de Boulgakov évoquant les derniers mois de la vie de Pouchkine. Bien qu’on trouve la trace d’une création de l’opéra complet (dans la biographie du ténor Alexander Zakharov, vers 2005) il reste peu probable qu’on en ait à court terme d’autre témoignage que la {suite d’orchestre} de cinq numéros composée des interludes de la partition que Nikolaïev rassembla en 1986 pour la salle de concert. Ces fragments, organisés dans une structure cyclique opposent des atmosphères divergentes de recueillement, la calme tempête de neige du début revenant en guise de procession finale, (la trame de l’opéra met en parallèle le cortège funèbre du poète et des événements survenus durant sa dernière année d’existence) et des épisodes allant de la valse ironique prokovienne au galop grotesque dans une veine parodique digne du Chostakovich des années trente, mais dans un langage orchestral et harmonique qui appartient bien à l’époque du dégel, utilisant sous les percussions, les cuivres et les piccolos, des nappes de cordes bitonales qui paraissent héritées de Central Park in the Dark de Charles Ives. De ces juxtapositions, superpositions et transformations thématiques, résulte un effet de jubilation mélancolique proprement déchirant, et dont la conception fait penser aux ensembles d’opéra de Mozart comme aux moments les plus réussis des ballets d’Aram Khatchaturian : vingt minutes de maîtrise absolue dont les éclats se résolvent dans une discrétion exemplaire.

Les Etudes symphoniques (13 variations) commencent dans le même dépouillement par un timide célesta dialoguant avec des bois solos et des cordes vibrantes, qui cèdent la place à un second thème violemment agité (proche de Moussorgsky et Borodine), les aspects romantiques et rêveurs luttant en alternance avec les allusions héroïques dont les rythmes dissymétriques enflent dans des paroxysmes rappelant brièvement Mosolov et Dechevov. Le projet paraît avoir quelques rapports à la fois avec celui d’une opposition didactique entre bien et mal tel que d’Indy pouvait le concevoir dans sa 2è symphonie, ou Harris dans sa (qu’Alexander Gauk enregistra de l’autre côté du rideau de fer). On pense évidemment dans les moments de suspense dramatique en pizzicati soutenus par les battements de caisse claire et les stridences des flûtes aux 11è et 12è symphonies de Chostakovich, un chant populaire moldave faisant irruption au moment de la « réconciliation » entre les deux thèmes variés, mais aussi un étrange chant de saxophone s’élevant dans les paysages désolés, à la manière de celui qui hante les Danses symphoniques de Rachmaninov. Entre le concerto pour orchestre et le poème symphonique lisztéen, ces Etudes sont fidèles à la manière de Nikolaïev, élevant de grandes arches implacables qui flamboient comme des feux de bengale tirés sur la mer, emportés par le reflux de l’histoire et du temps. La solennité des hymnes voisine avec des collages de rengaine de cabaret, la fanfare sous le kiosque fait valser les soldats ivres, emportés par les tourbillons de poussière qui balayent la plaine éternelle de la 4è symphonie de Knipper. En 1996, vingt-quatre ans après sa sublime cinquième symphonie, Nikolaïev retrouve en manière d’adieu un souffle tragi-comique, épique et quotidien qui parle avec détachement et compassion du sens de la destinée humaine, retournant dans un sourire de soulagement à la certitude d’un néant confortable.

Après ces deux grandes œuvres, la bucolique sonate pour flûte et piano semblera peut-être moins essentielle ; derrière les appels du coucou qui concluent ses trois mouvements elle est pourtant empreinte d’une mélancolie doucereuse qui fait penser à Poulenc par l’apparente simplicité de sa structure et les circonvolutions enchanteresses de ses mélodies. Alors que l’enregistrement des deux œuvres symphoniques bénéficie de l’acoustique de la grande salle du conservatoire, sans qu’on prenne jamais conscience des manifestations du public, ici l’espace est plus confiné, on entend se tourner les pages et tousser les spectateurs, le piano se noie parfois dans la distance, mais l’emportement de la tarentelle finale illustre le travail virtuose des deux instrumentistes, qui, à défaut d’une perfection de studio qu’on n’obtiendra sans doute jamais, montrent une qualité irremplaçable, l’amour qu’il portent à cette musique inconnue et le désir de le transmettre.
Vous ne trouverez pas ce disque dans les circuits commerciaux habituels, le conservatoire de Moscou ne répondra pas à vos lettres, vous ne tomberez qu’avec beaucoup de chance sur d’autres enregistrements des œuvres antérieures de Nikolaïev (1ère et 5è symphonie, 4 quatuors, Chants de l’armée perdue, et quelques cycles de mélodies) mais tout ce que vous parviendrez à vous procurer vous rendra au centuple les efforts de la recherche. La mode a voulu que soient enfin reconnues les œuvres de Schnittke ou Gubaidulina. Souhaitons que celles de Mikhaïl Nosyrev et Alexey Nikolaïev trouvent aussi leurs champions.
---------------------------
Alexey Nikolayev (1931-2003)
Tableaux symphoniques extraits de l’opéra Les Derniers Jours (d’après la pièce de Mikhail Boulgakov)
Etudes symphoniques, 13 variations pour orchestre
Sonate pour flûte et piano
Orchestre symphonique du Conservatoire d’Etat Tchaïkovsky de Moscou
Direction Leonid Nikolayev
Olga Ivusheikova, flûte Alexander Pokidchenko, piano
1CD Conservatoire d’Etat Tchaïkovsky de Moscou SMC 0006
Enregistré dans la grande salle du Conservatoire de Moscou le 25 octobre 2001 et dans la petite salle le 26 avril 2001 (sonate pour flûte) © 2003 (distribution www.russiancdshop.com)

Extraits de ce disque
http://www.mediafire.com/?5swdznqyzsb8ytx

au titre des introuvables
le 3è quatuor
http://www.mediafire.com/?dj2zmdnye2o

le 4è, dont le mouvement lent est identique à celui de la 5è symphonie
http://www.mediafire.com/?ufnhnnbqlas27f6

la 5è symphonie
http://www.mediafire.com/?82xq1nf0e487qmy
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