Poème utilisé par Samuel Barber dans les trois chansons op 45, ce texte très curieux pour l'époque, est un bon exemple de ce que la traduction peut ajouter ou retirer au substrat de ce qu'est la poésie par rapport au son de la langue et aux sous-entendus différement perçus en fonction des références culturelles des traducteurs:
Gottfried Keller (1819 1890)
Da hab' ich gar die Rose aufgegessen,
Die sie mir in die starre Hand gegeben!
Daß ich noch einmal würde Rosen essen,
Hätt nimmer ich geglaubt in meinem Leben!
Ich möcht' nur wissen, ob es eine rote,
Ob eine weiße Rose das gewesen?
Gib täglich uns, o Herr! von deinem Brote,
Und wenn du willst, erlös' uns von dem Bösen!
Une traduction littérale?
And after all, I even ate the rose
The one they lay in my stiff hand!
That I would ever eat roses -
I never would have thought it in my life!
The only thing I'd like to know is: was it red
or white a rose I ate -
Day by day give us of Your bread, oh Lord,
And, if You may, keep us away from the Evil one!
Translation Martin Stock
Ce que je comprends dans la traduction de Stock :
Et après tout, j’ai même mangé la rose
Celle qu’ils ont mis dans ma main roide !
Que je mange jamais des roses
Je ne l’aurais pas cru, jamais de la vie !
La seule chose que j’aimerais savoir : était-ce une rouge
Ou une rose blanche que j’ai mangée –
Jour après jour, donnez-nous de Votre pain, Seigneur,
Et, si Vous le pouvez, tenez-nous éloigné du Malin !
Ce que je comprends de l’original :
Voilà j’ai bien mangé la rose
Qu’on déposa dans ma main raide !
Que je dusse encore en manger, la chose
Semblait à jamais exclue, je le concède
Je voudrais savoir quelle était la couleur
Rouge ou blanche, fleur éclatante
Donnez-nous votre pain quotidien ô seigneur
Et protégez-nous du mal si ça vous chante !
La version de Joyce
Now that I fed and eaten up the rose
Which then she laid within my stiffcold hand.
That I should ever feed upon a rose
I never have believed in liveman’s land.
Only I wonder was it white or red
The flower that in the darkness my food has been.
Give us, and if Thou give, thy daily bred,
Deliver us from evil, Lord, Amen.
Ce que je comprends dans la version de Joyce
Las, j’ai mangé la rose que je nourrissais ;
Celle qu’elle a posé dans ma main qui gelait.
Que je doive un beau jour me sustenter de roses
Je ne l’aurai pas cru au pays des vivants.
Je m’interroge était-elle rouge ou blanche
La fleur qui m’a nourri dans le noir chaque jour
Donnez-nous, si vous le donnez, le pain du jour
Et délivrez-nous du mal, le dimanche.
C’est un jeu sans fin mais je n’ai pas trouvé de traduction italienne à retraduire en français…